Résidence à AVISTAVULCAO
Sophie Abraham et Anthony Pillette étaient en résidence A Casa da Missão à Capelo – Faial (Portugal – Acores) chez AVISTAVULCÃO grâce au dispositif Culture Moves Europe pour travailler sur la thématique de la nourriture, l’auto-suffisance, et aussi de l’impact humain sur un territoire isolé.
Sous le regard du volcan, ils ont réalisé des biscuits ex-voto inspirés des Raivas portugais, des mets fumés au feu de bois en forme de coulées de lave, un banquet aux cailloux, des cartes postales comestibles en sucre, des images de touristes dévorant la terre, une vidéo générative aux glitchs rocailleux, et un atelier participatif autour du lien entre architecture, agriculture et paysage.
Carnet de voyage sur Polarstep
Ex-voto
Aujourd’hui, la mondialisation et l’industrialisation de l’alimentation nous ont éloignés des rythmes naturels, nous faisant oublier l’origine de ce que nous mangeons. S’alimenter de ce qui nous entoure est une façon de préserver ce lien, tandis que des pratiques symboliques comme des biscuits votifs, prenant la forme d’animaux ou d’éléments naturels, reflètent cette conscience du cycle des saisons.
Ce travail culinaire chercher à s’emparer des gestes de transformation où la nourriture rejoue des mouvements géologiques.
Pétrir, enrouler, cuire, manger: ces gestes archaïques convoquent des éruptions lentes ou soudaines, où la même force tellurique traverse le paysage, la matière et le corps.
Des pâtes fermentées en forme de lave ou roche et des biscuits votifs façonnés à la main s’inspirent de figures anciennes offertes lors des solstices pour appeler le retour du soleil. Les spirales y dessinent des ventres féconds, des flammes enroulées, entrelaçant le corps et le paysage.
La cuisson au feu imprime des strates et des brûlures ; paysages fragiles qui passent par la bouche avant de renaître.
Vagabondage artificiel
Les photographies en noir et blanc réalisées lors de nos explorations pédestres ont alimenté nos réflexions et servi de base à notre travail nocturne. À l’aide de divers outils génératifs, nous avons conçu et remixé ces images et autres médias afin de développer un récit documentaire alternatif, mêlant fiction et réalité. Tantôt proche du réel, tantôt plus éloigné, ce processus nous a permis de créer un regard différent sur l’archipel.
En voici quelques-unes montrées au public en fin de résidence :
Fish & Birds
Le diptyque Birds and Fish dévoilent un paysage pour le moment dystopique de l’île des Açores, assailli par les navires de croisière et les avions de ligne.
Ces images fragmentées recomposent une vision où se mêlent volcans, cendres volcaniques, accumulations de navires et d’aéronefs aux formes décomposées. Ce chaos visuel, traversé par la matière en transformation, évoque un paysage en voie de destruction et de recomposition, où les déchets de la surconsommation touristique finiront un jour absorbés par l’océan et la terre.
Série « Fish » : travaux préliminaires
Série « Birds » : travaux préliminaires
Série « Cows »
L’archipel des Açores, découvert vers 1427, ne comptait à l’origine aucun mammifère terrestre.
L’agriculture locale s’est récemment orientée vers l’élevage bovin et la production laitière, avec environ 260 000 animaux (soit plus que le nombre d’habitant humains) , transformant profondément le territoire et le paysage. Aujourd’hui, cette production évolue progressivement vers la filière viande, jugée plus rentable.
Série « Wheels »
Le nombre de véhicules de location augmente chaque année, donnant naissance à d’immenses parkings, envahis de voitures inutilisées en basse saison.
Série « Eaters »
Eat the Landscape critique la consommation insatiable de la nature par le tourisme de masse. L’image, à la fois grotesque et familière, montre des figures dévorant littéralement le paysage— ici les roches volcanique servie rituellement—illustrant comment le tourisme réduit les territoires à de simples ressources.
Par l’absurde et l’excès, cette œuvre interroge : expérimente-t-on vraiment un lieu ou le consomme-t-on ? En mettant en scène ce festin surréaliste, Eat the Landscape révèle une vérité dérangeante : dans sa forme extrême, le tourisme ne célèbre pas les paysages—il les dévore.
L’IA, comme le tourisme de masse, repose sur une extraction invisible des ressources et une forte consommation d’énergie. En l’utilisant pour Eat the Landscape, le projet interroge ce paradoxe : un progrès technologique qui promet l’exploration infinie tout en contribuant à l’épuisement des écosystèmes.
Installation vidéo générative « Eaters »
Une installation composée de séquences vidéos générées et tirées au sort (accompagnée de sa bande son générative) a été réalisée et présentée.
This project was funded by the European Union’ and the Goethe-Institut.
This work was produced with the financial assistance of the European Union. The views expressed herein can in no way be taken to reflect the official opinion of the European Union.