Témoignages
Voici quelques témoignages d'habitants de cabanes ou petites habitations, recueillis entre 2019 et 2021 sur les routes.
Marco 28 ans, Ariege
“Les loyers sont devenus trop chers en ville, j'ai décidé de me construire une cabane. Au début j'ai commencé en caravane pendant 6 mois . Puis le toit s'est affaissé, alors j'ai emménagé dans l'abri à bois que j'ai consolidé. Finalement au fur et à mesure j'ai bien bricolé, et la cabane est devenue mieux que la caravane.”
Elodie 36 ans, Pyrénnés orientales
“Je ne supportais plus la ville, le bruit des voitures, les odeurs de carburants… J'ai décidé de me lancer, en achetant ce petit terrain, j'ai regardé sur internet comment consrtuire une yourte mongole en kit. J'ai un peu froid l'hiver mais j'apprend a vivre avec plusieurs pulls sur le dos… Jamais je ne reviendrai en ville …”
Edouard 39 ans, Aveyron
“J'étais prof de math au collège dans une petite ville , puis on m'a muté en banlieue de Toulouse, je me suis retrouvé en dépression… la vie n'avait plus de sens… Alors je suis allé à la campagne. Puis j'ai fait le grand saut. AU début c’était dur de vivre juste avec le RSA, puis au fur et à mesure j'ai redécouvert comment vivre simplement… ma cabane est à cette image…”
Arnaud et Cécilia 28 et 26 ans, Cantal
“On étais un peu perdus en ville, on sortait beaucoup, l'alcool, la fête, la drogue, c’était tous les soirs pour nous… Après quelques peurs et séjours à l’hôpital, on a décidé d'aller se mettre au vert avec notre camion. Puis on a construit notre cabane avec comme base un autre vieux camion trouvé ici. On a revendu notre camion, pour une auto qui consomme moins. On cultive nos legumes, et on picole moins maintenant ! Arnaud s'est même mis à faire beaucoup de vélo pour faire de l'interim de temps en temps, il fait jusqu'à 50km par jour…”
Ahmed 32ans, Cantal
“J'ai toujours aimé la campagne, au bled c'est ce que je préférai, pourtant en France j'habitais la banlieue avec mes parents et mes sœurs. Alors bon finalement j'ai décidé de venir ici. Au début c’était pas facile. Les Locaux était pas habitué à voir un arabe, surtout un qui habite dans une maison fabriquée à la main. Il a fallu faire des efforts d’intégration. J'allais du coup aux soirées loto des villages du coin, rencontrer les petits vieux. Ils m'ont filés pas mal de matos dont ils ne se servaient plus…”
Christophe 37 ans, Loire
J'ai changé deux fois d'endroits avant d'arriver ici, Le premier endroit, ç a n'allait pas, il y avait trop d'eau qui dévalait quand ca pleuvait. Je prenais l'eau, tout pourrissait… J'ai tenu deux ans… Puis j'ai bougé, la deuxième fois, le terrain était nickel, j'avais bien appris à choisir un bon terrain ! Mais c'est le voisin, ç a lui a pas plu que je construise une cabane pour pas grand chose alors que lui avait dépensé des centaines de milliers d'euros pour construire son pavillon en plastique… Pourtant c’était vachement plus joli, ma petite cabane en bois et plus écolo… Bon j'ai bougé car c’était trop mauvaise ambiance… Puis je suis arrivé ici en prenant soin d'expliquer au voisinage mon projet, pour l'instant ça se passe bien… mais je suis pas à l'abri qu'un jaloux me cherche des poux…
Marianne 31 ans, Loire Atlantique
Au début je me suis rapproché de la ZAD de notre Dame des Landes. J'aimais bien l'ambiance. J'étais bénévole puis j'y ai commencé à habiter. Malheureusement je me suis embrouillé avec un pote là-bas, alors j'ai décidé de bouger dans un truc un peu moins communautaire, avec chacun son espace un peu plus. J'ai retrouvé un équilibre entre vie en communauté et la nature.
Bernard 58 ans, Hautes Alpes
J'ai acheté cette maison qui était en ruine, C’était une maison d'été qui servait pour les bergers. Puis j'ai bricolé autour. Avec le réchauffement climatique, je me dit que c'est plutôt bien d'habiter en altitude et prés d'une source… Par contre c'est vrai que je dépense pas mal en essence par rapport à mon ancienne vie de citadin.
Pierre 42 ans, Alpes maritime
Je vis dans la nature depuis 3ans, j'habite dans la forêt et avec une bâche plastique et un bon sac de couchage je m'en sors bien, je suis heureux comme ça, c'est vraiment un choix de ma part. Les gens disent qu'en ce moment il fait froid mais c'est rien comparé à cet hiver (rires) Je vais faire des courses à Puget-Théniers tous les 15 jours. Je fais un peu de bricolage pour les gens et avec une journée de boulot je peux vivre quelques mois … J’achète souvent des repas déjà préparé végétariesn (plat sous vide déjà précuit) pratique pour les campeurs. Je les cache dans la forêt, les loirs et les souris viennent souvent les manger ! Mais mes principaux soucis, ce sont les chasseurs, ce sont ces fous de la gâchette que je crains, et à cause d'eux on ne voit plus beaucoup d'animaux. Enfin si j'ai vu un chevreuil ce matin.
Jacky 50 ans, croisé dans l'Aveyron
Je suis ancien légionnaire, J'habite dans la nature 8 mois de l'année. Là j'ai juste un grand sac poubelle pour dormir dans la forêt. J'ai aussi un bon sac de couchage a 300€ que j'utilise quand ca descend en dessous de 0°c mais j'évite de le prendre, c'est fragile. J'explore les anciens sentiers de randonnées à la recherche d'antiquités et de ruines. La j'ai croisé une table en pierre qui je pense dater de l’époque de Charlemagne, je pense que ce genre d'antiquité peut être très recherché par les américains, avec la crise du covid ils sont a la recherche d'objets un peu mystiques des temps des grands empires… (suite… propos confus où il nous explique sa vie en Guyane à la légion, puis un engagement au moyen orient dans des milices…)
Entretien avec le PNR des Préalpes d'Azur
Nous avons discuté avec le Parc Naturel Régional. Cet entretien très intéressant a pu mettre en perspective les enjeux du territoire face aux problématiques d'habitat et d'écologie.
Pour synthétiser : Au vue du grand nombre de maisons de bourg vide la plupart de l'année. L'idéal des nouveaux habitants devrait se tourner vers l'éco restauration de ces maisons de villages, afin d'éviter autant que possible de nouvelles constructions qui empiètent sur des espaces naturels ou agricoles.
Pour ce qui est de l'autonomie énergétique, des toitures solaires mutualisées sur des bâtiments adaptés sont plébiscités plutôt qu'un conglomérat de solutions individuelles (peu esthétique et efficace).
Idem pour les moyens logistiques : une mutualisation des outils et moyens de transports sont les bienvenus pour le climat.
- Notre projet qui vise à questionner l'habitat désirable futur dans cette région est donc fortement impacté par ce constat.
- L'idée / l'image d'une multiplication de cabanes individuelles avec chacune son panneau solaire / et éolienne… a effectivement plein de défaut ….de ce point de vue.
Il serai intéressant de questionner les locaux sur les possibilités de logement dans ces bourgs souvent vide les 3/4 de l'année. (qui sont souvent des résidences secondaires de famille peu exploitées…). Nous poserons aussi la questions aux enfants sur leur vision du bourg versus la maison plus isolé (avec un grand jardin…).